10 ans après, pourquoi la Province du Tanganyika tangue ?

Effective depuis 2015, la Province du Tanganyika est aujourd’hui, en 2025, cette entité territoriale âgée […]


Effective depuis 2015, la Province du Tanganyika est aujourd’hui, en 2025, cette entité territoriale âgée de 10 ans déjà. Alors district sous l’administration de la Province du Katanga, le Tanganyika est de la même génération que le Lwalaba, le Haut-Lomami et le Haut-Katanga. 

De ces congénères, la Province du Tanganyika semble évoluer à pas de tortue : tantôt l’espoir nait, tantôt le désespoir surgit. 

Si le démembrement avait pour aspiration de rapprocher les gouvernés  des gouvernants, au Tanganyika cette théorie peine à prouver sa raison d’être. 

Non seulement les choses vacillent dans l’intérieur de la province, même la ville chef-lieu régresse au lieu d’émerger, la population quant à elle suffoque en lieu et place de s’épanouir. 

Des dirigeants, ils se sont succédés par centaine, considérant ainsi les députés tant provinciaux que nationaux, les sénateurs, les Gouverneurs de province et leurs membres des gouvernements. Sans ignorer les multiples mandataires de l’Etat au nom de la Province du Tanganyika, leur origine commune. 

En lieu et place de voir les choses s’améliorer au profit de cette population meurtrie par plusieurs difficultés de la vie, les gouvernants du Tanganyika ont choisi de vendre des rêves utopiques à la population : certains ont même promis faire de cette province Rio de Janeiro de la RDC, promesse jusque là consommée de manière nostalgique dans les coeurs des Tanganyikais entiers et qui n’a jamais bénéficié d’une seule lueur de matérialisation. Si Rio demeure jusque là une utopie, nombreux voudraient même oublier cette ville de Kalemie qui serait devenue un El Dorado d’après certains prometteurs. 

Depuis dix ans, la province du Tanganyika brille par les cérémonies de lancement des travaux. En dehors du boulevard et le stade tous portant le nom JKK, tous les autres ouvrages sont restés chantiers et rien n’a été inauguré depuis. Pendant ce temps, les provinces voisines et d’autres par ailleurs se démarquent par les inaugurations qui débordent même l’actualité. Université à Mbujimai, Aérogare à Kisangani et Kolwezi, Assemblée Provinciale à Lubumbashi et Kolwezi, des routes, des bâtiments administratifs… du concret se vit ailleurs pendant qu’au Tanganyika l’on choisit depuis toujours de discourir et rien que discourir.

Des projets lancés demeurent inachevés et, curieusement, d’autres sont lancés et héritent de la même réalité : chantiers toujours et encore chantiers. 

Plus les gouvernants changent, plus les lancements de travaux pillulent au Tanganyika, malheureusement, rien ne touche à sa fin. 

Le refrain de tous les jours, la province n’a pas de moyens. Tandis que les personnes qui arrivent modestes en sortent nobles. Le contraste est de vendre la pauvreté de la province sans ne jamais expliquer comment ceux qui la dirigent deviennent de plus en plus riches pendant que la population trime dans la triste et permanente pauvreté, la province quant à elle, inerte.

La ville de Kalemie et tous les autres territoires de la province vivent quasiment la même réalité. Le Tanganyika est donc cette province où l’insécurité est la norme et la sécurité l’exception. Quand ça tire, autant à l’intérieur que dans le Chef-lieu, c’est ce à quoi la population serait malheureusement habituée. Quand c’est calme, la population préfère remercier les bandits qui auraient choisi de leur accorder une portion de tranquillité, bien que éphémère. Et quand ces personnes qui troublent la quiétude de la population sont arrêtées, malgré la promesse de les déférer vers les prisons hautement sécurisées de la République, elles recouvrent leur liberté le lendemain alors que la population les attendait à Angenga tel que promis en pompe au moment de la recherche du pouvoir par certains gouvernants.

La province du Tanganyika est un tatamis offert aux politiciens attirés par le gout de prouver leur force politique. C’est d’ailleurs pareil à un post téléviseur dont les spectateurs sont au Tanganyika et les manipulateurs à Kinshasa avec leur télécommande en main. Les dirigeants sont choisis au gré des individus et non selon un profil capable de relever le défi pour le bien de l’entité.  Ils sont changés au quotidien selon les humeurs des détenteurs de la télécommande, on dirait des programmes télévisés que l’on peut zapper à volonté. 

A l’Assemblée provinciale, les députés se contenteraient d’intimider les gouverneurs et membres des gouvernements avec motions et questions, non pas pour le bien de la province mais plutôt pour une concession à des fins personnelles. Et les Gouverneurs se seraient ainsi investis, des générations en générations, dans la caporalisation de certains députés provinciaux acquis à leur cause, oubliant tristement que ces derniers ne sont qu’une représentation des multiples pauvres qui ont placé leur destin et intérêt en eux. La finalité : mettre les opportunités de la province sur la table et décider sur le partage à cercle restreint. Entre temps, la population compose des chants pour ovationner leur passage moqueur dans les circonscriptions électorales pour encore gober des promesses irréalistes.

Dix ans après, la Province du Tanganyika titube pendant que les autres émergent. Jusqu’à quand la population sera naïvement observatrice des lancement des travaux sans jamais exécution et matérialisation?  jusqu’à quand la province sera sous l’emprise des autorités morales confortablement assises à Kinshasa ? jusqu’à quand le Tanganyika subira des acteurs politiques, députés et gouverneurs, divisés quand il s’agit de l’intérêt du peuple? Peut-on parler de manque de gestionnaires leaders et capables de se défaire du pacte politique avec les bailleurs électoraux en faveur des besoins prioritaires de la population? Pourquoi la Province du Tanganyika continue-t-elle de tanguer? 

Les réponses à ces multiples préoccupations de la population pourraient être le début d’une prise de conscience collective. 


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