Entre l’envie de servir la province en exerçant le pouvoir par un poste de responsabilité et la pure transhumance politique qui caractérise bon nombre d’acteurs en République Démocratique du Congo, l’opinion tanganikaise s’interroge sur le mercato politique XXL auquel elle assiste depuis le succès de Christian Kitungwa Muteba, autorité morale du parti Alliance pour l’Avenir du Congo ( ACO ), à l’élection de Gouverneur et vice-gouverneur dans la province du Tanganyika.
Depuis l’annonce des résultats par la commission électorale nationale et indépendante proclamant provisoirement Christian Kitungwa vainqueur de la course à la tête de l’exécutif provincial, le parti cher à Danny Banza Maloba continue à se ragaillardir.
Contrairement aux adhésions d’avant ce succès, la qualité de nouveaux adhérents suscitent plusieurs interrogations et débats sur la sphère politique et dans l’opinion en général.
Si des personnalités anciennes FCC, à l’instar de la présidente honoraire de l’assemblée provinciale Virginie Nemba Nkulu et l’actuel vice-président de ce même organe délibérant Lubuli Kaluta Alvar avaient quitté leurs anciens partis politiques un peu tôt, bien avant même les élections de décembre 2023 pour intégrer ACO, plusieurs hauts cadres et jeunes leaders d’autres partis politiques membres de l’Union Sacrée de la Nation représentés dans la province du Tanganyika se pressent depuis peu vers ACO.
Parmi les cas les plus emblématiques, lieu de mentionner le départ de Cyprien Katombe du parti MSR vers ACO voici plus d’une semaine. Le ministre provincial des transports et voies de communication n’est pas un cas isolé car d’autres acteurs politiques exerçant des hautes fonctions dans les institutions publiques ont déjà opéré ce choix.
La plupart d’entre eux motivent leur mutation par le souci de soutenir le leadership du nouveau Gouverneur proclamé élu par la CENI et d’autres avancent des convictions personnelles alors que d’autres encore évoquent leur intérêt à l’idéologie prônée par cette formation politique dont l’espace Grand Katanga est le plus grand bastion.
À leurs places, des observateurs attribuent d’autres éléments de réponse. Des explications qui se rallient aux retombées de la transhumance politique déjà observée dans ce pays à plusieurs reprises, en cas de changement de pouvoir au sommet. À l’époque du PPRD, à chaque fois qu’il fallait taire l’opposition contre certaines tensions, il n’était pas rare de voir des politiciens de la gauche se rapprocher du camp Kabila et se retrouver à des hautes fonctions. Bruno Tshibala Nzenze était devenu premier ministre au nom de la cohésion nationale, Joseph Olenga Nkoy à la tête d’une CNSA, Germain Kambinga dans le gouvernement ainsi de suite pour d’autres personnalités.
Le vent de la requalification de la majorité parlementaire pour évincer Ilunga Ilunkamba qui a même conduit au divorce entre le CACH ( Cap pour le Changement du tandem Félix Tshisekedi et Vital ) et le Front Commun pour le Congo ( FCC de Joseph Kabila ) a offert des scènes du goût du pouvoir qui caractérise l’animal politique congolais.
Les ultra kabilistes ont changé de camp , abandonnant leur idole à la surprise générale pour conserver leurs postes pour les uns, obtenir des nouvelles fonctions pour les autres devenus en majorité mandataires publiques.
Si en RDC des nouvelles arrivées plaisent, sans doute aucune, aux yeux des autorités des formations politiques, tel n’est pas le cas chez les « anciens militants » engagés au sein du parti.
Et le bon moment pour les guéguerres à l’interne est l’étape des partage du gâteau à laquelle le choix d’un nouvel adhérent constitue toujours motif de mécontentement dans les chefs des anciens.
Avec ses adhésions massives après le succès de Christian Kitungwa à la gouvernorale, le leadership du Parti ACO au Tanganyika pourra ne pas être épargné de ces scénarios surtout au moment de la composition du gouvernement,des cabinets et , en cas de nécessité, aux mises en place et nouvelle nomination au sein des services étatiques relevant de la province.