Depuis le début du mois de février 2023, la nouvelle sur la suspension de la vente du ciment produit par la société Great Lakes Ciment ( GLC ) par le gouvernement provincial du Tanganyika attire la curiosité de plusieurs observateurs.
D’après les sources proches de l’exécutif provincial et différentes publications du département de communication du Gouvernorat, la gouverneure Julie NGUNGWA MWAYUMA a décidé de suspendre la distribution et la commercialisation du ciment de GLC faute du consensus sur le prix. À en croire ces sources, la société GLC n’a pas honoré des clauses conclues avec l’exécutif provincial sur la tarification de ce produit.
Le gouvernement voudrait voir ce matériau de construction produit localement se vendre à moins de 10 dollars américains le sac, clause non respectée par Great Lakes Ciment accusé par le gouvernement d’ouvrir unilatéralement un dépôt où le sac se négocie à 12.5 dollars américains, prix auquel sont vendues les marques de ciment importées des pays étrangers. Les portes du dépôt de distribution du ciment GLC ont ainsi été scellées en début de ce mois de février jusqu’à nouvel ordre.
Et depuis, le prix de ciment ce cesse de grimper jusqu’à atteindre plus de 15 dollars américains actuellement. Les opérateurs économiques s’abstiennent de se livrer à leur exercice de routine par peur de se retrouver dans une situation de manque à gagner.
Du coup, le prix du ciment GLC n’est toujours pas revu à la baisse sur le marché, le dépôt de distribution de ce ciment toujours fermé, le prix de ce produit grimpe de manière générale à Kalemie, la population se retrouve devant un embarras, ne sachant quelle position prendre : la réduction du prix ou carrément maintenir la tarification de 12.5$.
Pour certaines indiscrétions, la décision aurait des motivations purement politiciennes et n’aurait aucune base légale. « Etant en période électorale, s’attirer la sympathie du peuple est la stratégie qu’exécute tout politicien ambitieux de glaner un mandat public ».
D’après les textes légaux régissant le secteur économique en RDC, l’on évolue dans un régime de liberté de prix. Et donc, les opérateurs économiques ont le libre arbitre dans la fixation du tarif de leurs marchandises suivant la main d’œuvre et les charges qui interviennent dans la chaine de production, à condition qu’ils aient communiqué leur structure de prix aux instances économiques du pays.
Par ailleurs, ce postulat met en cause la fermeture d’un dépôt qui n’appartient pas au producteur GLC, plutôt à DH Trading, une structure indépendante ayant gagné le contrat de commercialisation exclusive du ciment GLC. Face à cette évidence, une certaine opinion voudrait voir l’exécutif provincial s’en prendre au producteur en lieu et place du distributeur.
Militer pour la réduction du prix du ciment de GLC est un fait, qu’en est il des opérateurs économiques qui commercialisent le ciment importé?
Vendre le ciment GLC à un prix abordable est une décision qui bénéficie de la bénédiction non seulement de la population locale mais aussi de la Fédération des Entreprises du Congo, (FEC) section du Tanganyika, mais pour cela, il y a des préalables qui nécessitent leur observation. Le gouvernement provincial est donc reproché d’avoir pris cette décision de manière unilatérale. Dans cette situation, il est donc préférable que la patronne de l’exécutif provincial soit au tour d’une table avec la Société GLC pour un compromis, afin que la société n’oeuvre pas à perte et que la population que protège le gouvernement puisse jouir du ciment de son territoire à un prix abordable.
Le consensus trouvé sur le prix de vente de ce ciment devra concerner principalement les vendeurs en gros, dont les opérateurs économiques, qui peuvent se sentir à l’aise de ne plus franchir les frontières du pays pour s’approvisionner en ciment, et se contenter de la production locale pour enfin la mettre à la portée de leurs consommateurs directs.
Pour que cette réduction soit bénéfique à toutes les parties concernées, le gouvernement provincial sera en sus appelé à revoir ses contraintes fiscales en adoptant une ligne d’exonération en faveur de la société de production, car pour un développement certain, le Tanganyika n’a pas besoin de décourager les opérateurs économiques mais de les maximiser au contraire et leur rassurer un bon fonctionnement dans le territoire.