Le procureur général près la Cour de cassation a ordonné ce dimanche 28 avril 2024, dans une note destinée au procureur général près la cour d’appel de Matete, une procédure d’ouverture d’un dossier d’information judiciaire à l’encontre du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa.
Il a ordonné au procureur général près la Cour d’appel de Matete d’investiguer sur ce qu’il qualifie de « comportement séditieux entraînant des faits infractionnels contre le Cardinal Ambongo ».
Par son courriel du samedi 27 avril, Firmin Mvonde impute à l’archevêque catholique de « violenter délibérément les consciences et de trouver un plaisir à travers la propagation de faux bruits et incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et attentats contre les vies humaines ».
Selon le procureur général près la Cour de cassation, alors que l’est du pays fait face à la guerre, il s’est dessiné dans les comportements du prélat catholique une dose des propos séditieux qu’il tient lors des ses différentes sorties médiatiques et sermons de nature à décourager les FARDC qui défendent l’intégrité territoriale au front.
Il a renchérit que le Cardinal tient des propos incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales déjà meurtries par autant d’années de déstabilisation.
Alors qu’invité au bureau du procureur général près la Cour de cassation, le 25 avril pour un échange autour de quelques dossiers en instruction, le cardinal Ambongo a décliné l’invitation, ajoute Firmin Mvonde dans la lettre au procureur.
Le parquet général près la Cour de Matete devrait donc ouvrir une information judiciaire contre le Prélat.
« Agir autrement s’analysera en déni de justice de votre part et votre inactivisme sera considéré comme un fait de complicité avec des faits répréhensibles », prévient le procureur général près la Cour de cassation, dans sa lettre adressée au procureur général près la cour d’appel de Matete.
Le cardinal Fridolin Ambongo et la chancellerie de l’archidiocèse de Kinshasa ou encore la CENCO, n’ont pas encore réagi à cette demande du procureur général près la Cour de cassation.
Pendant ce temps, des fidèles catholiques et d’autres personnalités politiques lèvent des voix pour s’opposer à cette demande qu’ils qualifient d’intimidation et manœuvres du pouvoir à réduire le prélat catholique au silence dans sa mission prophétique.
Dans certaines de ses homélies, le Cardinal Ambongo dénonce la souffrance et d’autres anti valeurs imposées aux congolais par certains acteurs. Le franc parler de Tata Cardinal, comme l’appelle très souvent les kinois n’enchante pas des personnalités et militants du pouvoir qui prolifèrent souvent des propos contre le guide des chrétiens catholiques en République Démocratique du Congo.
Lors de son plus récent voyage pour Rome, le Cardinal Ambongo a même été refusé de prendre place dans le salon VIP de l’aéroport de N’djili à Kinshasa.
Si chaque régime n’a jamais été en très bon terme avec l’Eglise Universelle en RDC, c’est pour la première fois le numéro un de l’Eglise Catholique est au cœur d’une telle démarche judiciaire.