C’est finalement tard dans la soirée du samedi 30 juillet 2022 que les corps de 9 militants anti-Monusco tués lors des manifestations du mardi 26 juillet dernier ont été mis sous la terre au cimetière publique de Kitatumba à Butembo, au Nord-Kivu. Ceci grâce à un accord trouvé la journée entre les familles des victimes, les mouvements citoyens et les autorités. Toutefois, la tension n’a pas baissé jusqu’à la fin de la cérémonie d’inhumation.
Les corps sortis du camp militaire de Ruwenda où ils étaient cachés avoir été ravis en pleine veille mortuaire au rond-point VGH étaient amassés dans un véhicule FUSO. Au-dessus des cercueils, des jeunes militants des mouvements citoyens scandant des chants hostiles à la MONUSCO. « Où est la dignité de tout ça », lance un curieux dans la foule.
Le cortège funèbre, sous escorte militaire et policière, est passé par le boulevard Président de la République prenant la direction du cimetière de Kitatumba, lieu d’inhumation.
Sur place, les organisateurs des obsèques n’ont prévu ni houx, ni pioches moins encore des bèches pour jeter ou évacuer le sable. Tous les matériels ayant servi pour creuser les 9 tombeaux la veille ne sont plus là et personne ne sait où ils sont gardés. Sapristi, c’est avec les mains que tous les 9 tombeaux ont été remplis de sables sans une moindre prière ni oraison funèbre.
« Où est la dignité dans tout ça Seigneur », lance encore un homme présent sur le lieu.
Enterrement non sécurisé
C’est sur fond de tension que les obsèques se sont déroulés. D’un côté, des soldats bien positionnés aux abords du cimetière, de l’autre, des militants rougis de colère avec des pierres entre les mains.
« Vous allez nous sentir, ce n’est pas fini, rendez-vous lundi », scandent-ils dans leur chant. La tension monte et encore. Des curieux passifs vident progressivement le cimetière pour se mettre à l’abri. Subitement, jeux de projectiles contre coups de feu aux environs de 17h20’. C’est le qui-vive et le sauve-qui-peut.
Par ailleurs, la société civile redoute de contamination par ces corps qui seraient déjà à décomposition. Morts mardi, ils ont été sortis de la morgue vendredi, passés nuit à l’extérieur jusqu’au samedi puis une journée entière au camp militaire sans être enterrés.
« De toutes les façons, c’est quand-même la fin d’un long scénario », se réjouit de Fataki Baloti, membre de la coordination urbaine de la société civile.