Les manifestions publiques pour soutenir les militaires FARDC engagés sur les lignes de front à Rutshuru se multiplient dans les villes et grandes agglomérations du Nord-Kivu. Curieusement, elles sont autorisées par les maires et administrateurs des villes et territoires dans une province sous état de siège, une gouvernance qui pourtant restreint certaines libertés citoyennes y compris le droit à la manifestation publique. Une attitude que condamne Maitre Kambale Mayi ya Rwindi, avocat et défenseur des droits humains.
Il y a quelques jours, des manifestations publiques visant à réclamer la levée de l’état de siège étaient réprimées dans le sang à Beni, Butembo et Goma, mais aujourd’hui, celles organisées dans le but de soutenir les FARDC qui combattent les rebelles du M23 à Goma sont autorisées par les maires et administrateurs.
« Il y a violation de la loi par ceux qui ont autorisent ces manifestations, parce que dans le régime de l’état de siège, il n’est pas permis d’entreprendre les manifestations publiques quels que soient les motifs pour lesquels elles sont organisées. On constate de plus en plus qu’il y a deux poids et deux mesures dans cette façon d’agir des autorités de l’état de siège », déplore Maitre Kambale Mayi ya Rwindi qui, dans un entretien, mardi 28 juin 2022, avec frycoms.net a exprimé son grand étonnement.
Et de poursuivre, « lorsque les lois cessent d’être appliquées par ceux qui doivent veiller à leur application et même par ceux qui les ont établies, elles tombent en désuétudes ; motif de plus de lever l’état de siège », estime-t-il.
Instaurée depuis mai 2021 par ordonnance présidentielle dans les provinces du Nord-Kivu et Ituri, cette mesure de gouvernance exceptionnelle interdit formellement toutes formes de manifestations publiques citoyennes, quel que soit leur objectif.
Jackson SIVULYAMWENGE